Yuka

Yuka : pour traquer la malbouffe dans vos caddies

Par Le 11/09/2022 0

Dans Alimentation-conso-pouvoir d’achat

Yuka est un applicatif que vous pouvez télécharger sur votre smartphone.

D’utilisation facile, vous scannez le code-barres et les résultats sont immédiats. En outre, il vous propose un produit alternatif quand la notation est médiocre.

  • Pour traquer la malbouffe dans vos caddies.

Note sur 100 et code couleur évident

Si l'appli plaît autant et met tous les services concurrents au tapis, c’est d’abord parce qu’elle est diablement simple à utiliser.Il suffit de scanner le code-barres d’un produit pour obtenir une note sur 100 et une couleur explicite : vert si l’article n’a rien de gênant, orange ou rouge s’il vaut mieux le reposer sur son rayonnage. Les plus curieux peuvent ensuite regarder la fiche détaillée de la recette du produit, qui met en avant ses qualités (protéines, fibres, faible teneur en sucre…) et ses défauts (graisses saturées, additifs, excès de sel…). L’appli suggère même des produits de substitution quand la note vire au rouge. En quelques essais, l’outil devient addictif : chaque nouvel adepte se surprend à scanner ses placards et à remplir son Caddie smartphone à la main.

Très vite, une flopée de mauvaises habitudes alimentaires sautent aux yeux. Les céréales Fitness Chocolat, que vous choisissiez pour un petit déjeuner équilibré ? Elles renferment du sucre, du gras et sept additifs ! La soupe légumes et vermicelles de Liebig, présentée comme sans colorant ni conservateur ? Elle est bourrée de glutamate… Et La Vache qui rit, donnée depuis cinq ans aux enfants ? Rouge vif ! "Grâce à Yuka, j’ai enfin réussi à convaincre mes ados d’arrêter le Nutella", explique Dominique Susini, kinésithérapeute à Paris. "Cette application joue un vrai rôle d’éveil des consciences", louent en chœur les scientifiques et même les industriels, bien obligés de s’ébaubir. Mais les mêmes dénoncent pourtant, exemples à l’appui, une multitude d’erreurs et d’approximations scientifiques.

Erreurs et approximations scientifiques

D’abord, les modalités d’évaluation retenues sont un brin arbitraires. Pour attribuer une note sur 100, l’algorithme se base sur trois critères. La qualité nutritionnelle compte pour 60 points. Elle est notée à partir du Nutri-Score mis au point par Serge Hercberg, médecin nutritionniste à l’Inserm. Ce système, reconnu scientifiquement, classe les produits de A à E en fonction de leur équilibre plus ou moins bon en sel, graisse, sucre, etc. Mais Yuka ne s’arrête pas là. L’appli attribue aussi 30 points pour la présence d’additifs et leur supposé taux de nocivité. Et enfin 10 points sur le caractère bio ou non du produit. "Ce choix du 60/30/10 ne repose sur aucune base scientifique", dénonce Serge Hercberg. Plus gênant encore selon lui, les additifs aplanissent parfois le Nutri-Score et empêchent ainsi de faire le bon choix nutritionnel. Nous sommes allés vérifier au rayon gâteaux apéritifs. Alors que les fruits secs Apérifruits sont moins gras et moins salés que les sablés au fromage de Michel et Augustin, ils obtiennent une note quasi identique et une même couleur orange sur Yuka (lire plus bas). En cause ? La présence de E120 et de E150c qui font plonger la note du premier.

Cette traque aux additifs ne fait pourtant pas l’unanimité chez les blouses blanches. Soyons clairs : la démarche est louable et permet par exemple de constater que le Coca-Cola Zero contient du caramel au sulfite d’ammonium (E150d), classé cancérigène par l’Etat de Californie. Mais l’effet sur la santé des colorants, conservateurs ou agents de structure étant encore peu connus, il est très difficile de savoir sur quelles bases scientifiques s’appuie Yuka pour déterminer le degré de nocivité de tel ou tel additif. "J’ai épluché la législation et les études sur les quelque 400 additifs existants et je n’aboutis pas du tout aux mêmes conclusions que Yuka", dénonce Anthony Fardet, chargé de recherches à l’Inra.

Yuka : le pour et le contre

  • L'appli aide à éviter les pièges du marketing…: ne vous fiez pas à sa petite vache charmante dans son pré vert, Yuka vous dévoile que, non seulement il y a du sucre et beaucoup trop de graisses saturées dans le Kiri, mais aussi cinq additifs dont une algue épaississante, la carraghénane, à laquelle nous serions trop exposés. 
  • … mais il a des partis pris : alors que les fruits secs Apérifruits présentent un meilleur équilibre nutritionnel que les sablés de Michel et Augustin, ça ne se voit pas sur Yuka. Car le choix de pointer du doigt les additifs fait tomber la note globale du premier (qui en contient six) au même niveau que celle du second : 30/100 environ.
  • Mais que font donc les industriels ? Eux d’habitude si prompts à rétablir leur vérité, à coups de procès s’il le faut, ne semblent pas vouloir lever le petit doigt. "Nous n’avons pas le budget pour un procès", explique Mélanie Le Plaine Mileur, secrétaire générale du Synpa, le syndicat des additifs. "En fait, ils ont tous peur de passer pour de grands méchants lobbys face au petit Yuka", traduit la nutritionniste Béatrice de Reynal. Beaucoup tentent tout de même de faire changer leur note. Certains y parviennent. "Mon masque est passé de 24/100 à 90/100 quand je leur ai apporté la preuve que le dioxyde de titane qui s’y trouvait n’était pas à l’état nano", explique Claire Cagliolo, fondatrice d’Officinea. Désormais, les grands groupes (Carrefour, Nestlé, L’Oréal…) font le choix de collaborer en mettant à jour la base de données, pour qu’elle tienne compte des reformulations. Car cette surmédiatisation de leurs recettes les pousse à accélérer la baisse de sel, de sucre, etc., et à faire la chasse aux additifs les plus controversés. "Ils ne diront jamais que c’est grâce à nous, mais nous jouons certainement un rôle dans ce mouvement", se félicite Julie Chapon, qui veut aussi éduquer plus largement les consommateurs. Début décembre la Fédération nationale des industriels de l’alimentaire (ANIA) a dévoilé Num-Alim, un catalogue numérique des aliments, pour faire de l'ombre à Yuka

Alors, faire ses courses avec Yuka ?  A vous de choisir. Notre association fait confiance à cet applicatif qui apporte un plus évident en matière de sécurité alimentaire à défaut de faire l’unanimité des scientifiques. Force est de constater qu’avant Yuka, rien n’existait pour les consommateurs.

Rendez-vous sur notre site Internet avec la rubrique vidéo : vous y trouverez un reportage sur cet applicatif.         

 

 

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