Canicule 1

Comment se rafraîchir sans investir ?

sos-litiges-58 Par Le 14/09/2022 0

Dans Santé et bien-être

 

Fortes chaleurs : rafraîchir son logement sans climatisation

Le climat se réchauffe, les canicules se multiplient… Des solutions existent pour conserver la fraîcheur sans recourir à la clim. Suivez le guide.

Les vagues de chaleur ne sont plus des épisodes exceptionnels. Selon Météo France, nous en avons connu deux d’une intensité hors norme en 2019 et autant en 2020. Le réchauffement climatique est bien à l’œuvre. Les conclusions du rapport de 2014 sur le climat futur en France se confirment de mois en mois : hausse des températures moyennes, diminution du nombre de jours anormalement froids en hiver et augmentation du nombre de jours de vague de chaleur l’été.

Lorsque le thermomètre s’affole, nous avons souvent le réflexe de mettre en marche la climatisation : dans la voiture, au bureau ou à la maison. Pas question ici d’être farouchement anti-clim. Dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) par exemple, une grande salle climatisée est indispensable pour les résidents. Et quid des climatiseurs ?

Le développement de la climatisation pose problème. D’abord parce que ces appareils renvoient la chaleur vers l’extérieur et qu’ils contribuent au réchauffement général des villes. Ils sont aussi énergivores. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est alarmée du développement de la climatisation dans un rapport publié en 2018. Le nombre de climatiseurs devrait tripler d’ici à 2050 et représenter une consommation électrique équivalente à celle de la Chine et de l’Inde aujourd’hui !

La climatisation émet aussi des gaz à effet de serre en cas de fuite des fluides frigorigènes. Elle assèche les yeux et les narines. Enfin, elle est bruyante, ce qui crée un cercle vicieux : pour ne pas subir le bruit du climatiseur des voisins, on ferme ses fenêtres, ce qui incite à s’équiper d’une… climatisation.

Pourtant, d’autres solutions existent. « Pour se passer de clim, il faut limiter le réchauffement du bâtiment dans la journée et faciliter son refroidissement la nuit », résume Jacques Le Bart, gérant du bureau d’études Enéide et formateur sur le confort d’été.

  1. Avant tout, se protéger du soleil

Premier objectif : éviter que ça chauffe. Cela implique d’abord de protéger le logement des rayons du soleil. Cette préoccupation devrait être présente dès la conception. Mais c’est plutôt l’inverse que l’on constate depuis une vingtaine d’années. Priorité a été donnée au confort d’hiver et à la réduction des consommations d’énergie.

Architectes et promoteurs ont cherché à maximiser l’isolation thermique, les apports solaires et l’éclairage naturel. Résultat : des maisons étanches avec de grandes baies vitrées orientées sud ou ouest qui créent un effet « serre » garanti en été. L’Agence qualité construction (AQC) a édité en 2019 un 
document sur les problèmes du confort d’été« de plus en plus récurrents dans les nouveaux bâtiments performants ». Une nouvelle réglementation est en préparation. Il est impératif qu’elle prenne mieux en compte le confort d’été.

 

Une pergola et des persiennes pour créer de l’ombre

Pour créer de l’ombre, on peut installer une pergola ou mettre la végétation à contribution en plantant, à proximité du logement, un arbre, de préférence à feuilles caduques, ou des haies. L’Agence de la transition écologique (Ademe) suggère aussi les végétaux secs, cannisses ou bambous, pour entourer un balcon, par exemple.

Autre solution : poser des écrans sur les surfaces vitrées. Cela peut être des volets, mais il n’est pas agréable de passer ses journées dans le noir. Des persiennes, des volets à projection ou des volets extérieurs à lames orientables protégeront du soleil tout en laissant passer la lumière.

Les auvents (avancées de toit) sont un autre outil efficace, sous réserve d’être bien dimensionnés. Dans son document sur le confort d’été, l’AQC critique la mise en œuvre de « protections solaires qui ne protègent pas suffisamment aux heures les plus chaudes ».

  1. Bien isoler son logement

La maison elle-même, par ses matériaux de construction, peut avoir une plus ou moins grande inertie. « Des murs de pierre vont absorber la chaleur et mettre du temps à se réchauffer, explique Jacques Le Bart, alors qu’une ossature bois chauffe très vite. » Dans son recueil, l’AQC incite ainsi à « associer des matériaux denses (terre, béton, etc.) aux matériaux légers (bois, etc.) ».

Une bonne isolation contribue aussi à améliorer l’inertie du bâtiment. L’isolation de la toiture, gros point d’entrée de la chaleur, mérite une attention particulière. Elle contribue à freiner le réchauffement des combles. « Il faut privilégier les fibres de bois ou la ouate de cellulose, surtout si les combles sont aménagés, estime Jacques Le Bart. Ces isolants sont plus lourds et se laissent traverser moins rapidement par la chaleur que la laine de verre. »

Toiture, fenêtres… Gare aux points d’entrée de la chaleur

Mais selon Isover, fabricant de laine de verre, « la nature de l’isolant a un impact faible ». Une étude réalisée à sa demande par un laboratoire suisse en 2008 montre « un écart maximal de 0,9 °C » entre différents isolants, l’avantage allant aux fibres de bois. La filiale de Saint-Gobain préfère donc insister sur les autres paramètres clés, comme des fenêtres de toit protégées des rayons du soleil et une ventilation efficace. Pour en avoir le cœur net, une étude en conditions réelles serait vraiment la bienvenue…

Il convient, enfin, de limiter les apports de chaleur interne. Elle est dégagée par tous les équipements électriques ou thermiques de la maison. En cas de fortes hausses de la température, on limitera le fonctionnement du plus grand nombre possible d’appareils (four, sèche-linge, etc.) et on évitera les longues cuissons.

  1. Bien ventiler pendant la nuit

L’autre axe prioritaire pendant une vague de chaleur est de faciliter le refroidissement du logement pendant la nuit. Comment ? En ventilant.

Le plus simple pour créer des courants d’air est de disposer d’ouvertures assez grandes et bien situées. Il est notamment important de pouvoir ouvrir en toiture pour que l’air chaud soit naturellement aspiré vers l’extérieur. Certains architectes redécouvrent aussi l’intérêt des appartements traversants, où les courants d’air sont forts alors qu’ils seront faibles, voire inexistants, dans des logements avec toutes les fenêtres du même côté.

L’évaporation d’un drap mouillé

Pour refroidir, il faut attendre qu’il fasse moins chaud dehors que dedans. En complément, on peut jouer sur le rafraîchissement dû à l’évaporation, en arrosant sa terrasse le soir (en l’absence de restrictions d’eau), en accrochant un drap mouillé devant sa fenêtre ou en mettant du linge à sécher avec un ventilateur derrière.

Concernant les ventilateurs, l’ADEME rappelle qu’ils brassent l’air mais ne le rafraîchissent pas. La circulation d’air qu’ils provoquent n’en améliore pas moins le confort en journée, lorsque les fenêtres sont fermées, en particulier s’ils sont installés au plafond.

  1. Aller chercher le frais dans le sol

Citons enfin la possibilité d’aller chercher de la fraîcheur dans le sol. Différents dispositifs peuvent être envisagés, tels que le « géocooling », qui consiste à pomper de l’eau dans le sol, et la « géothermie sur sondes » avec un fluide qui circule dans des tuyaux enterrés et transfère sa température à l’eau des radiateurs ou du plancher du logement. Présidente de la commission géothermie du Syndicat des énergies renouvelables (SER), Michèle Cyna prévient cependant que ce n’est pas aussi efficace que la climatisation, et qu’il faut vouloir se lancer dans des travaux complexes et coûteux.

Pour l’instant, ces dispositifs sont plutôt adoptés pour des bureaux ou des collectivités. « Mais il n’y a aucune raison technique pour ne pas le faire aussi pour l’habitat, estime-t-elle. Les bailleurs sociaux notamment pourraient s’y intéresser, car les charges ne sont pas élevées. » Permettre à l’ensemble des logements d’une copropriété ou d’une HLM d’avoir moins chaud l’été en évitant l’installation de centaines de climatiseurs individuels : la piste mérite d’être explorée.


 

Prenez aussi soin de votre corps !

  • Le corps a besoin d’attention pendant les fortes chaleurs. Une bonne manière de le rafraîchir est de le mouiller : gant ou serviette humide sur la nuque, cheveux qu’on laisse sécher, brumisateur pour le visage…
  • Il faut aussi adapter son alimentation et s’habiller avec des tenues légères et de couleurs claires. Guillaume Perrin, de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), indique qu’au Japon, des entreprises autorisent ceux qui acceptent de ne pas pousser la clim à venir sans veste ni cravate. Bientôt tous en robe et bermudas au bureau ? Il évoque aussi le décalage des horaires pour permettre de travailler à la fraîche.
 

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